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Libération

Mort du philosophe Jules Vuillemin

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Une figure kantienne.
publié le 17 janvier 2001 à 21h52

«Historien majeur de la philosophie, disciple de Martial Guéroult, il a essayé de penser la science avec une rigueur extrême, dans la tradition kantienne: c'était un grand maître obscur, qui incarnait une idée de la philosophie trop grande pour être communicable. Il faut espérer que son oeuvre, dont s'est silencieusement nourrie une génération de penseurs, puisse être redécouverte.» C'est ainsi que Pierre Bourdieu salue son ami et collègue du Collège de France, Jules Vuillemin, mort des suites d'une longue maladie dans la nuit de lundi à mardi, à l'âge de 81 ans. Successeur de Maurice Merleau-Ponty dans la chaire de philosophie de la connaissance, Jules Vuillemin était en effet une figure peu connue du grand public. Il avait fait le choix de s'isoler. Il habitait au lieu-dit Les Fourgs, peuplé de quelques âmes, l'«endroit le plus froid de France», comme il disait, qu'après être arrivé à Pontarlier il devait rejoindre à skis. Son oeuvre est restée elle aussi dans les hauteurs solitaires. Ses premiers travaux sont d'inspiration existentialiste et marxiste. En 1948, il publie l'Essai sur la signification de la mort, où il interroge le sentiment et l'émotion, puis fait paraître diverses études sur le destin, le travail et le langage, «qui tisse l'être du moi». Mais bientôt Vuillemin concentre son attention sur les philosophies qui avaient le rapport le plus étroit avec la science de leur temps, notamment celle de Descartes, rapportée aux méthodes de la géométrie algébrique, et c