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Libération
Interview

«Elle a disparu, mais son esprit est bien vivant»

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publié le 18 janvier 2001 à 21h55

Sociologue et écrivain, Nicolaus Sombart fait partie des intellectuels allemands qui ne cessent ces derniers temps de plaider pour une redécouverte des vertus occultées de la Prusse. Dernier ouvrage paru en France: les Mâles Vertus des Allemands. Le syndrome Carl-Schmitt, aux éditions Cerf.

Qu'est-ce qui prend soudain les Allemands de célébrer le couronnement du premier roi de Prusse?

C'est un événement crucial qui a influencé notre histoire pendant trois siècles. Quand Napoléon s'est fait empereur, cela a duré moins de quinze ans, pourtant vous le glorifiez bien encore en France. En Prusse, le couronnement de 1701 aurait aussi pu tourner court. Mais les souverains qui se sont succédé jusqu'à Guillaume II ont su gérer et agrandir leurs biens, jusqu'à faire de ce petit pays périphérique l'Etat dominant du centre de l'Europe au XIXe siècle. Il faut aussi fêter les anniversaires comme ils viennent, ne serait-ce que pour parer à l'ennui du quotidien. Les Russes de l'après-bolchevisme redécouvrent aussi leurs tsars. Les Allemands ont bien le droit de célébrer la Prusse. Dans le désarroi de l'après-unification, alors que l'Allemagne est écrasée par ses dettes, c'est un moyen de se retrouver des racines communes.

N'est-ce pas aussi que l'Allemagne d'aujourd'hui se cherche en Prusse un passé plus avouable que le national-socialisme?

Bien sûr. Mais c'est légitime. Ces cinquante dernières années, l'attention a été ­ pour de bonnes raisons ­ focalisée sur le régime nazi. Ce n'est pas une m