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Libération
Critique

Ingrid Caven revisite ses fantômes.

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publié le 18 janvier 2001 à 21h55

L'entendre chan ter, au début de son dernier spectacle, Non, je ne regrette rien («C'est payé/ Balayé/ Oublié/ Je me fous du passé»), a des effets trou blants, tant Ingrid Caven tient en équilibre sur sa légende. L'ex-muse de Fassbinder joue autant qu'elle essaie de s'en défaire d'une histoire ancrée dans la contre-culture des années 70.

La cantatrice allemande n'avait guère rom pu l'absence depuis sa mythique prestation au Pigall's, en 1978. Quel ques apparitions dans des clubs, des théâtres à l'italienne, entrecoupées d'hommages à Edith Piaf, avaient suffi à entretenir le culte, sans entacher le souvenir vénéneux du cabaret parisien. Jusqu'à ce qu'à l'automne dernier, la frêle silhouette ressurgisse des limbes à travers un roman goncourisé (Ingrid Caven, écrit par Jean-Jacques Schuhl), un nouvel album (Chambre 1050), et une scène à l'Odéon.

Ivre d'elle-même. Le specta cle au théâtre du Rond-Point prolonge ce retour. Chevelure rousse et démarche féline, elle apparaît en fond de scène dans un rectangle de lumière blan che. Elle porte du métal à ses poignets et la longue robe en satin noir posée jadis par Yves Saint Laurent à même le corps. Ivre d'elle-même, la tragédienne occupe le plateau som bre de gestes tranchants, libres et autoritaires, jamais gratuits. Accompagnée par le pianiste magnifique Jay Gottlieb, elle dé roule le répertoire de son dernier disque, principalement écrit par Jean-Jacques Schuhl et Peer Raben, qu'elle articule autour d'ancien nes chansons (Shanghai,