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Libération
Critique

Doutes et «Détours» de Depardon

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PHOTO. Une exposition et deux livres pour un kaléidoscope d’interrogations.
publié le 19 janvier 2001 à 21h58

«Je ne suis pas très exposant», dit Raymond Depardon. A 58 ans, son parcours photographique a été marqué par la création de Gamma (1968-1978) et quelques scandales retentissants (l’affaire Claustre, le suivi de la campagne présidentielle de Giscard d’Estaing), mais aussi, et plus fondamentalement, depuis la fin des années 70, par un questionnement renouvelé de l’éthique du reportage. Dans son curriculum, les expositions ont effectivement pesé moins lourd que le photojournalisme (abordé dès 16 ans), les livres (une vingtaine) et les films (une trentaine, docus, fictions ou clips). La grande rétrospective que lui consacre, jusqu’en février, la Maison européenne de la photographie n’en prend que plus de relief. Ample, soignée et assortie à la dynamique «multimédia» de Depardon, elle comporte, outre un volet cinématographique, deux facettes: une exposition et un livre, édité pour l’occasion. Tous deux intitulés Détours. Titre éloquemment ambigu, qui met d’emblée les pendules à l’heure de la vigilance. Car qu’on ne s’y trompe pas...

Introspection. L’exposition Détours n’est pas vraiment une rétrospective. Plutôt une coupe à travers une oeuvre en déroulement, concentrée sur les deux dernières décennies de la carrière de Depardon («Mon second tiers de vie, du moins j’espère», dit l’intéressé): l’émergence, derrière le reporter, de l’auteur qui, de livre en livre comme de voyage en voyage, affirme sa subjectivité et libère sa parole. De Notes (premier carnet intime d’un péripl