Les amateurs de musique contemporaine l'ont repéré au milieu des années 90, avec la publication par Sony de son opéra Marco Polo composé pour la Biennale de Munich, qui lui valut d'être élu musicien de l'année 1997 par le New York Times. Depuis Tigre et dragon de Ang Lee, dont il a signé la bande originale, il est connu du grand public: à 43 ans, Tan Dun s'impose comme le plus célèbre compositeur chinois vivant, combinant avec une totale liberté styles d'écritures et modes de jeu appartenant à des traditions ou des cultures radicalement différentes.
«Je ne suis pas un postmoderne, je n'appartiens à aucune école», prévient le New-Yorkais d'adoption (depuis le milieu des années 80). Il ajoute: «Je ne fais pas plus de fusion qu'un Olivier Messiaen, ne suis pas moins intéressé par l'expérimentation qu'un Varèse. Tous les compositeurs développent un langage qui leur est propre, le mien emprunte simplement beaucoup à la musique rituelle bouddhique et taoïste du village où j'ai grandi.»
«Rééduqué». Né en 1957 dans le Hunan (comme Mao Ze Dong), d'un père militaire et d'une mère médecin, Tan Dun grandit à l'ombre d'une montagne réputée pour ses rituels funéraires et chamaniques, où il est initié au chant, aux instruments traditionnels et à la danse des fantômes. «J'ai toujours su que j'étais musicien, car la musique était indissociable de la vie du village, rien à voir avec un métier», explique le compositeur, qui précise: «Pour moi, Karajan et Bernstein sont avant tout de grands chama