Alain Finkielkraut, qui apparaît fréquemment dans le film de Jacques Tarnero, dit ce qui constitue à ses yeux «l’horrible originalité du négationnisme».
Comment caractérisez-vous le négationnisme ?
C'est un discours qui renoue avec l'antisémitisme apocalyptique, mais qui a pour lui toute l'apparence et l'appareil de l'objectivité positivisme méticuleux, notes en bas de page, érudition. Un discours apparemment sans haine à l'égard des juifs, et qui feint de n'avoir aucun préjugé. Sauf que si, comme le disent les négationnistes, Auschwitz n'a pas eu lieu, si l'on admet un instant que l'Holocauste est une escroquerie, on doit constater que celle-ci est mondiale, et que par conséquent la réputation faite aux juifs par ceux qui voulaient les anéantir est tout à fait exacte. C'est avec les Protocoles des sages de Sion (1) que l'antisémitisme a cessé d'être une opinion irresponsable pour devenir une explication générale de l'histoire par les manoeuvres secrètes des juifs. Ceux-ci ont alors été dotés d'une puissante titanesque. D'où la nécessité, pour sauver l'humanité, de «desserrer l'étreinte juive» comme disait Hitler.
A la fin de la guerre, on a cru que c'en était fini de l'antisémitisme apocalyptique. Il est revenu avec le négationnisme. Et l'on est pris de vertige car en niant le génocide, le discours négationniste crée les conditions intellectuelles de son renouvellement.
De quelle nature est ce pouvoir exorbitant conféré aux juifs?
Un pouvoir tout à la fois médiatique, économiq