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Libération
Portrait

Chanteur trop populaire en Chine.

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publié le 24 janvier 2001 à 22h07

Ses fans connaissent ses chansons par coeur. Une ferveur quasi religieuse entoure son apparition: un concert de Cui Jian à Pékin, c'est pour toute une génération de Chinois une manière de se ressourcer ou, selon la formule de l'«écrivain voyou» Wang Shuo, «de se confirmer qu'on existe». Cui Jian est LE rocker chinois, celui qui, depuis quinze ans, incarne les aspirations de ceux qui, en Chine communiste, veulent se libérer, au moins dans leur tête, du carcan du Parti. Sa première apparition en France depuis un passage au Printemps de Bourges, en 1989, intervient après un retour en force sur la scène chinoise.

Interdit. L'année dernière, Cui Jian a donné une série de représentations devant des stades pleins dans plusieurs villes de province. Partout, sauf... à Pékin. Dans la capitale, en effet, le chanteur est frappé d'un interdit depuis dix ans: il n'a pas le droit de jouer devant plus d'un millier de personnes et doit se contenter, comme ce soir de décembre, d'un club accueillant 500 spectateurs à Haidian, le quartier des universités et de l'Internet à Pékin. De nombreux fans déçus resteront à l'extérieur. Cui Jian, venu au rock au milieu des années 80 après avoir été trompettiste classique à l'Orchestre philharmonique de Pékin, paie ainsi le fait d'avoir chanté, au printemps 1989, un bandeau rouge sur les yeux, devant les étudiants qui occupaient la place Tiananmen. Deux semaines plus tard, les chars écrasaient le jeune mouvement démocratique chinois. «J'étais un jeune au s