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Libération
Critique

La réalité touchée du doigt

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publié le 24 janvier 2001 à 22h07

La mort rôde, en rivalité avec la vie qui resplendit, tout au long de ce film aux tonalités ensoleillées ou orageuses, urbaines et surtout rurales et pastorales. Tout commence dans le noir complet, dans une salle de classe de l'Institut pour aveugles de Téhéran. On entend la voix d'un enseignant dictant un texte évoquant le lever du jour. C'est bientôt les vacances, Mohammad, un écolier de 8 ans, s'apprête à regagner son village natal, après une année d'internat, dans le nord de l'Iran. Le moment venu, le fils devra attendre longtemps son père, un veuf plus soucieux de se remarier que de récupérer son rejeton.

Entretemps, celui-ci cheminant dans la cour désertée de l'école est parvenu, guidé par des pépiements plaintifs, à recueillir un oiselet tombé du nid et à le ramener dans ses pénates en grimpant le long de l'arbre. D'autres gazouillis plus joyeux nous attendent, dès la sortie de l'autocar, dans des sentiers forestiers, à pied, puis à cheval, préludant à de plus chaleureuses retrouvailles, reconnaissance tactile et distribution de cadeaux (collier de coquillages et autres colifichets) du gamin à ses deux petites soeurs et à sa grand-mère. En porte-à-faux dans ce cadre édénique, bien maladroit par rapport à son fils non voyant (il chute de la branche sur laquelle il s'est juché pour mieux observer sa dulcinée), le père, ombrageux et pleurnichard, écartelé entre le désir de refaire sa vie et la nécessité de veiller sur sa progéniture, semble attirer les foudres du Très-Hau