Santiago envoyée spéciale
«Mieeeeeeeerda. Donde está mi ves tido presiden cial?» («Merde. Où est passée ma robe de présidente?») Ainsi s'ouvre Eva Perón, de l'Argentin Copi, pièce iconoclaste et polémique qui valut à son auteur d'être interdit dans son pays natal, où il demeure quasi inconnu.
Ecrite en 1969 dans l'exil parisien du dramaturge, Eva Perón n'a été publiée dans sa traduction espagnole qu'en mai dernier. Mais il faudra du temps pour qu'elle circule en Argentine, où partout brûlent encore des cierges en mémoire de «Santa Evita» et où la lutte pour les disparus passe désormais pour un combat d'arrière-garde. «La société argentine est dans l'ensemble assez superficielle, estime l'acteur et metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo, l'amnistie a été décrétée il y a longtemps, les gens ont déjà tourné la page.» Pour cet Argentin de 32 ans, arrivé en France quelques mois après la mort de Copi, en 1987, «monter Eva Perón aujourd'hui n'a véritablement de sens qu'au Chili, avec des acteurs chiliens».
Actualité. Par une ironie de l'histoire, la pièce, lors de sa première mise en espace dans le cadre du festival «Teatro a mil» (1), à Santiago, a rencontré une forte résonance dans l'actualité début janvier. Tandis que Pinochet traînait des pieds pour se rendre à l'hôpital militaire, un rapport remis par l'armée sur près de 200 cas de disparus a soulevé une énorme émotion dans le pays, qui s'est changée en indignation lors que les premières fouilles engagées sur la foi du document se