Tokyo de notre correspondant
Une hache dans une main, un couteau dans l'autre, Megumi crache sur le corps de son amie, qu'elle vient d'achever sans scrupule. Sa chemise, son blazer beige et ses chaussettes blanches de lycéenne sont maculés de sang. Dans quelques minutes, la jeune fille périra à son tour, lardée de coups. Scène ordinaire parmi tant d'autres de Battle Royale, le dernier film vedette du box-office à Tokyo. Un long-métrage d'une violence extrême, sorti en décembre et apprécié depuis par plus d'un million de jeunes spectateurs. Battle Royale a finalement été interdit aux moins de 16 ans. Sans l'avoir vu, le Premier ministre japonais Yoshiro Mori a déploré «sa violence et son message ambigu». Une pétition de plusieurs chefs d'établissement en faveur de son interdiction circule. Mais toutes ces interventions n'ont fait qu'accroître la notoriété du film.
Rédemption. Sorte de version japonaise sanguinaire du jeu américain télévisé Survivor, Battle Royale raconte comment une classe de lycéens est droguée par l'un de ses professeurs (Takeshi Kitano), puis convoyée dans une île abandonnée pour participer à un jeu dément (la Bataille royale), d'où ne doit sortir qu'un rescapé. Le scénario est adapté d'un roman publié en 1999 et réédité sous forme de manga. La chronique de ces étudiants qui s'entre-tuent pour survivre avait été un succès de librairie. Or le film, qui emprunte pas mal de tics de mise en scène aux jeux vidéo (décompte des morts affichés à l'écran...), en rajo