De l'extérieur, le chapiteau érigé à La Villette laisse présager le plus traditionnel des cirques. Mais ni roulotte ni ménagerie. Dans l'enceinte, deux trapèzes figés surplombent l'arène, un fil de funambule est tiré comme un arc. L'éclairage est doux et il n'y a pas de lions. Apparaît, aux premiers sons d'un air de fête, une galerie de personnages tout droit sortie d'une série de portraits de Diane Arbus. Une diva échevelée parcourt le cercle dans une robe-kayak, une fillette aux ailes d'ange s'envole dans les airs, quand deux microcéphales guettent du haut d'un poteau. Puis les hommes se mettent à danser langoureusement avant de se battre, un androgyne se déshabille tandis qu'un boxeur catapulté multiplie les pirouettes. A la fin, les pétards claquent et les membres de cette foire courent dans tous les sens, devant les Rois mages et un Jésus à qui on demande ce qu'il fout.
La création de la 12e promotion de l'Ecole supérieure des arts du cirque, «mise en piste» par la chorégraphe Francesca Lattuada, a tout d'un mélange déconcertant. Une réunion d'êtres hirsutes galopant ou s'arrêtant net, sans raison. Cette succession de saynètes désaccordées mériterait parfois d'être plus digne, du moins plus construite, pour que l'on s'y retrouve. Mais cette compilation fait aussi la richesse d'un cirque d'un autre monde, refoulant par vagues une énergie et un plaisir de jouer impressionnants.
Surimpressions. Des images s'entrechoquent. D'Harmony Korine, lorsque la fée Clochette se tire la