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Libération
Critique

La taule à l'étouffée

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La taule à l'étouffée
publié le 31 janvier 2001 à 22h20

Adapté d'un roman, la Bête contre les murs, de l'écrivain-taulard Edward Bunker (lire ci-dessous), Animal Factory est le second long métrage de l'acteur Steve Buscemi après Trees Lounge. Tourné dans l'ancienne prison d'Etat d'Holmburg, près de Philadelphie, le film se déroule intégralement derrière les barreaux, dans l'enfer carcéral où un jeune homme de bonne famille, Ron Decker, est jeté pour l'exemple, bien qu'il se soit juste compromis dans un petit deal de drogue. Ces choses-là arrivent tous les jours, nul n'en doute, et inutile de dire que, comme façon d'accrocher le spectateur lambda, le regard d'un ado bourgeois et apeuré est rien moins qu'efficace.

Trahisons. Ron découvre vite que la prison est un monde où seuls opèrent les rapports de domination et de soumission, monde complexe, parce que les matons ne sont pas forcément les gardiens les plus zélés de l'ordre de fer régnant, parce que les alliances entre les uns et les autres sont marquées du sceau de la fourberie et de la trahison, que les coupures ethniques sont ici encore radicalisées par rapport à l'extérieur, entre Blancs et non-Blancs, Blacks et latinos. La violence brutale capable d'exploser au moindre coup d'oeil de traviole, les complots ourdis dans l'om bre des turnes pourries, les marchés noirs de la dope et des armes: le film décrit tout en séquences froides et sans fioritures, qui laissent peu de place au fantasme et beaucoup à l'info pure accumulée par Bunker à longueur de peines, soit plus de dix-huit