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Libération
Critique

Les dictatures du «cercle».

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publié le 31 janvier 2001 à 22h20

C'est une journée entière dans Téhéran, les yeux grands ouverts à guetter chaque passage de témoin. Une poignée de femmes fait avancer le Cercle, le dessine en même temps qu'elle le dévide. Elles sont dans Téhéran comme la souris avec le chat. Elles avancent dans une ville hostile, un labyrinthe grouillant et bru yant, la peur au ventre. Jamais elles ne marchent en paix. Elles tentent seulement d'échapper. Leurs yeux balaient le champ avec terreur comme dans un jeu de cache-cache. Le chat, c'est l'homme. Et son jeu, dans ce troisième film de Jafar Panahi, est celui de la répression. Condamner pour condamner. Condamner pour régner. Amener la femme à se sentir coupable. De quoi? De ne pas être un homme.

Dérive. Qu'ont-elles à se «reprocher», ces six femmes qui, sans se connaître, se croisent en criant un absolu désir de reconnaissance? L'une a pour crime d'avoir accouché d'une petite fille et non d'un garçon. Trois autres, prisonnières d'une geôle iranienne, se sont fait la belle. A cette autre qui n'a ni papiers ni carte d'étudiante, on interdit de monter dans un bus (en Iran, en l'an 2001, une fille non accompagnée et sans justificatif ne peut pas prendre un autocar pour rentrer chez elle). Celle-là a décidé de se faire avorter, celle-ci cache à son mari médecin son passé de taularde (il refuserait de l'entendre). La dernière se prostitue la nuit, pour manger. Il y a toujours un homme, un mari, un frère, un voisin, un passant, un flic, pour leur jeter la pierre, pour les ence