«To Be to/Or not/To be/Be to [...]», «J'étais Ham/Let/J'étais Ham/Let it be/Or not...» Scandée façon scat au micro sur fond percussif, blonde lyrique et guitares déjantées, ou reprise en mauvaise doublure de Laurence Olivier (dans le film Hamlet qu'il signa en 1948), la réplique de Shakespeare se prête remarquablement au jeu. Et les dix-huit élèves en dernière année de Conservatoire ne se sont pas privés de désosser la tragédie du prince du Danemark comme Heiner Müller avant eux. Attelé à la traduction casse-tête de Hamlet en allemand, dans les années 60, le dramaturge berlinois en avait recyclé les figures et les scènes clés à la lumière du contexte politique Est-Ouest de l'époque et conçu sept pages d'une incroyable densité poétique, Hamlet-Machine. Invités par le compositeur Georges Aperghis (qui vient d'écrire un oratorio à partir de la pièce de Müller) à «faire quelque chose avec ça», les jeunes acteurs se sont eux aussi emparés du texte comme d'un matériau. Mais, à rebours de Müller, ils l'ont augmenté d'inserts multiples, puisant ailleurs dans son oeuvre, dans celle de Shakespeare et chez d'autres.
«Je ne suis pas Hamlet. Je ne joue plus de rôle. Mes mots n'ont plus rien à dire. Mes pensées aspirent le sang des images. Mon drame n'a plus lieu.» Tirées du quatrième tableau («Peste à Buda»), ces phrases, qui reposent la question de l'acteur, sont au coeur du travail mené par le groupe d'Aperghis. A la manière d'une variation musicale, elles reviennent sous des formes div