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Libération
Interview

«On nous traite même de prostitués».

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publié le 8 février 2001 à 22h43

Romancier et rédacteur en chef de la plus importante revue littéraire du monde arabe, al-Akhbar el-Adab, Gamal Ghitany lutte, au nom de la littérature, pour la liberté d'expression. Il a publié l'an dernier l'Appel du couchant (Seuil) et Pyramides (Actes Sud).

Ce n'est pas la première fois que la liberté d'expression est attaquée en Egypte.

La situation n'a jamais été aussi grave. La littérature est devenue une cible facile, un moyen pour les mouvements extrémistes de déstabiliser l'Etat. Le prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz (poignardé en 1994) ou Farag Foda (assassiné en 1992) en ont été les victimes. Ces attaques des intégristes ne visent pas la littérature en tant que telle. Ce sont des manoeuvres politiques, une guerre pour le pouvoir. Jusqu'ici, les écrivains étaient soutenus par le gouvernement. Le problème, c'est que, soudain, le ministère de la Culture tient le même discours que les extrémistes. Je peux m'exprimer librement en Egypte, écrire dans mon journal ce que je pense, le dire à la télévision ou à la radio. L'Egypte ouvre de nombreuses portes, au niveau politique ou économique. Mais pas culturel. On essaie de contrôler les écrivains, comme on le faisait en URSS, alors qu'ils doivent, au contraire, prendre leur indépendance.

De quelle façon?

On nous dit: «vous ne devez écrire que des choses morales». C'est un discours dangereux auquel il faut résister. Je suis contre toute censure, religieuse ou gouvernementale. Seule la critique a le droit de dire si un roma