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Libération
Critique

Chairs appâtées.

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publié le 9 février 2001 à 22h45

Dans le dossier de presse de Too Much Flesh, on peut lire en post-scriptum à une intro intitulée «Filmer le désir», une série de remerciements «à Georges Bataille, à Michel Foucault, à Michel Onfray et Julien Offroy de la Mettrie pour leurs témoignages philosophiques hédonistes». Cherchez l'erreur... D'une part, il n'est pas sûr que la pensée bataillienne soit particulièrement hédoniste. Ensuite, parce que, lorsqu'on entend parler de la Raison gourmande de l'apôtre des bobo-jouisseurs Michel Onfray, on sort son pistolet à choucroute. Le film, second d'une «trilogie de la liberté» imaginée par Jean-Marc Barr et Pascal Arnold, initiée l'an passé par Lovers et qui se poursuivra avec Being Light, partait d'un postulat néanmoins intéressant. Poursuivant la description du désir qui occupe tant le cinéma contemporain, y compris sous ses formes les moins dissimulées, frayant avec le porno, de Baise-moi au prochain Patrice Chéreau (Intimité) ou Catherine Breillat (A ma soeur), Too Much Flesh veut explorer le sexe sur son versant euphorique: par le truchement du réveil libidinal d'un américain plus que trentenaire, Lyle (Barr lui-même) entre les bras d'une jeune Française, Juliette (Elodie Bouchez). L'action se déroule en Illinois, dans ces régions ploucs et puritaines où, derrière la convivialité country, règne un ordre moral protestant de fer. La bite de Lyle traîne depuis des années une réputation d'engin anormal, sans que l'on comprenne si elle est trop grosse ou déformée. En tout