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Libération
Critique

Etonnante «Attente».

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publié le 10 février 2001 à 22h46

Il n'est pas évident de se situer physiquement à l'intérieur de l'installation de Dara Birnbaum. Où se poser? Faut-il se placer ou se déplacer pour appréhender une série d'images qui ne se donnent jamais à voir qu'en une (vaste) triple projection. Il y a d'abord le grand écran de Plexiglas; suspendu un peu en avant d'un mur, il dédouble la projection lumineuse vers ce mur qui lui sert de fond, comme pour en gêner la lecture. Et puis, complication nouvelle, il y a le mur opposé à cette installation, où l'image se reflète aussi, mais inversée et comme diffractée ou démembrée. Comment se dépatouiller de cette projection feuilletée? D'autant que la clarté de l'image ­ une femme en cheveux, qui se déplace ­ est par la qualité de l'écran, comme «tachée» d'une vaste masse brune et caverneuse.

Monologue intérieur. C'est un dessin agrandi qui macule ici le Plexiglas: une esquisse au crayon et pastel que l'artiste Dara Birnbaum a emprunté, pour se l'approprier, au compositeur et plasticien viennois Arnold Schönberg (ou Shoenberg comme il l'orthographia lui-même après son émigration aux Etats-Unis). Celui-ci, dans un grand espoir d'oeuvre d'art totale, avait en effet créé les décors de son poème musical, Erwartung (Attente, en français). Un monodrame pour soprano et orches tre. Schönberg avait, en 1909, com mandé le livret à une femme de 27 ans, Marie Pappenheim, une étudiante en médecine. Marie Pappenheim avait, en trois semaines, livré au musicien un complet renversement du motif roma