Menu
Libération
Interview

«Les tragédies grecques sont aussi des contes».

Article réservé aux abonnés
publié le 12 février 2001 à 22h47

Strasbourg envoyé spécial

Nommé pour cinq ans à ztional de Strasbourg (TNS), Stéphane Braunschweig, 37 ans cette année, a hérité, en juillet dernier, d'un établissement entièrement rénové. Parmi ses premières initiatives, la création d'une section «mise en scène» à l'école du TNS, à côté des sections «jeu» et «scénographie», et l'installation à demeure d'une troupe de onze comédiens.

L'un de vos premiers spectacles était «Ajax» de Sophocle. Dix ans plus tard, vous mettez en scène «Prométhée». Vous êtes d'autre part philosophe de formation. Eprouvez-vous un plaisir particulier à travailler sur la tragédie grecque?

C'est ce qu'il y a de plus difficile. Après Ajax, je m'étais même dit «plus jamais ça». La façon de penser des Grecs est tellement éloignée de la nôtre, ne serait-ce que par l'omniprésence des dieux dans leur vie. Quand Océan arrivait sur scène, cela avait pour eux une signification concrète. Mais il est vrai que j'y trouve un plaisir philosophique. Prenez le choeur discutant avec Prométhée (dont le nom signifie «celui qui voit l'avenir»): vaut-il mieux, quand on est malade, savoir ou pas le temps qui vous reste à vivre? C'est très important, quand on joue du théâtre grec, d'aborder cela avec une certaine naïveté.

Cette naïveté peut être une arme pour mieux comprendre?

Les tragédies grecques sont aussi des contes. Il y a un plaisir de la parole. Quand Prométhée raconte à Io son voyage futur et toutes les rencontres qu'elle fera, cela peut sembler fastidieux. Mais si l'on