Les Acharnés de Malcolm X débutent comme Dancer in the Dark, le film de Lars von Trier, se termine : par le chant d'un condamné à mort. Celui-là est le blues d'un jeune Noir accusé à tort du viol d'une Blanche, que Mohamed Rouabhi, auteur et interprète de la pièce, a retrouvé sur un document sonore de 1956 : «Il y a deux ans, raconte Rouabhi, quand j'ai retravaillé le texte des Acharnés, Mumia Abu Jamal, journaliste militant des Black Panthers, attendait dans le couloir de la mort une décision du gouverneur pour savoir si son exécution aurait lieu dans la journée. Je tenais absolument à ce que cela figure dans ce spectacle d'une façon ou d'une autre.» Avant que la lumière ne baisse, un DJ (Toty de Kabal) mixe la voix du militant condamné à mort, celle du bluesman et une musique créée à partir de la bande-son du film le Flic de Los Angeles. Inès, jeune chanteuse d'origine guadeloupéenne membre de la chorale Gospel Dreams, interprète alors Hangin' from the Trees, un poème d'Aminata Baraka. Entrée en matière saisissante pour une pièce principalement basée sur les derniers discours de Malcolm X, leader noir qui prôna l'autodéfense puis la réconciliation entre les peuples après un voyage à La Mecque.
«Travail de mémoire». «J'ai découvert Malcolm X après qu'on m'eut offert un livre de ses derniers discours, dit le metteur en scène d'origine algérienne. Ce qu'il développait avant sa mort m'a semblé prophétique. Il parlait d'hégémonie américaine. Il n'avait plus une vision raciale du