Sylvain Dubuisson est-il designer ou illusionniste ? Qu'il propose en 1991 de faire pivoter la Joconde, invisible car toujours prise d'assaut au Louvre, pour la montrer de dos, puis de façon aléatoire ; qu'il dessine un stylo en céramique en correspondance avec quatre manuscrits de Rimbaud ou un lampadaire en céramique qui feint de tomber, Dubuisson est un embrouilleur de sens, qui assemble mots et matériaux, redéfinit la fonction grâce à la fiction et les formes comme autant de métaphores. Des vers au verre, du parchemin au PVC, de Proust au pape, il y a donc différents tiroirs secrets pour déchiffrer les objets étranges qu'il compose depuis vingt ans. Ils sont mis en scène à Chalon-sur-Saône, pour la 11e édition de «Janviers en Bourgogne», manifestation consacrée à l'art contemporain et au design.
Labyrinthe. «Il s'agit de lui tirer le portrait sans tomber dans la monographie définitive, de montrer un travail en train de se faire», précise Jean-Marc Grangier, directeur de l'espace des Arts, où l'exposition 20.01@2001 s'organise sans continuité chronologique ni scénographique. Un petit labyrinthe de salles closes, aux thèmes et atmosphères différents, permet un va-et-vient entre passé et devenir, fonctionnalité et mémoire, latin et virtuel, technicité et art.
Quinquagénaire (né en 1946) aux allures de jeune homme, mi-rigoriste mi-narquois, Sylvain Dubuisson se définit aussi comme un «autodidacte». Lourd de l'héritage de son père architecte, il a fait le détour par l'école Sai