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Libération
Critique

Soane, un monde en soi.

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publié le 13 février 2001 à 22h51

Dommage que l'exposition consacrée à l'architecte John Soane (1753-1837) ait trouvé refuge dans les salles de l'hôtel de Rohan (accolé à l'hôtel Soubise, l'ensemble formant les Archives nationales) à Paris. Le temps a dû manquer, l'exposition parisienne prenant la suite de la Royal Academy de Londres et du centre Palladio de Vicence (Italie) et les ayant-droits anglais ayant autorisé la sortie exceptionnelle de maquettes et de dessins pour l'occasion seulement. N'empêche : le manque de lieux d'exposition pour l'architecture se fait cruellement sentir.

Ornées de la délicate épithète de «préfiguration de la Cité de l'architecture», laquelle devrait ouvrir en 2003 au palais de Chaillot, les salles de l'hôtel de Rohan sont quasiment impraticables, notamment deux cabinets au décor classé monument historique et de ce fait intouchables. D'où la construction pour l'exposition de rampes d'éclairage et de cimaises éphémères grises, rouges et jaunes (voir Mondrian) qui encombrent l'espace déjà cloisonné de ces salons XVIIIe siècle, provoquant des embouteillages de visiteurs dès qu'ils sont plus de deux. Mais surtout, ces salons rococo perturbent visuellement la compréhension déjà difficile de l'architecture même de John Soane, qui se voulait un dessinateur (néo)classique mais fut au contraire un producteur fantasque de maquettes et d'aquarelles pittoresques. Le bâtisseur de la Banque d'Angleterre, des cours de justice, de l'hôpital de Chelsea et la Dulwich Picture Gallery à Londres fut