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Libération

La sauvage jungle familiale de «la Cienaga».

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publié le 16 février 2001 à 22h56

Berlin envoyé spécial

Le magnifique Vies brûlées, sorti mercredi à Paris, le laissait supposer : il se passe quelque chose autour du cinéma en ce moment en Argentine, et la découverte à Berlin de la Cienaga, premier long métrage de Lucrecia Martel en compétition, le confirme en beauté.

Des distributeurs d'un peu partout jouent des coudes pour pouvoir le sortir sur leur territoire, et il n'est pas impensable que le film décroche un prix important dimanche prochain. Ce ne serait que justice, tant ce roman familial hardcore, d'une dureté cinglante et froide, est une enthousiasmante surprise.

Conflits de famille. Mecha et Tali sont deux cousines d'une cinquantaine d'années, qui passent un été ensemble dans un domaine isolé en pleine jungle tropicale, accompagnées de leur tripotée d'enfants de tous âges. La villégiature vire rapidement au vinaigre. Les vieux conflits refont surface et chacun s'abandonne à sa pente névrotique (au choix : dépression, masochisme, agressivité...).

Des pluies chaudes giflent le paysage du matin au soir. Les fleuves sont en crue et la vase avance. Une vache s'y laisse prendre, jusqu'à pourrir sur pied. La nature, hostile, effrayante, opère comme une vaste caisse de résonance, l'amplification cosmique de ces petits conflits humains et gerçures de l'âme. Troupe indistincte, où les individualités se confondent, les enfants chahutent toute la journée, comme s'ils ne voyaient rien, alors qu'ils sont évidemment les premiers exposés. La seule chose qui les inquiè