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Libération
Interview

«Mon roman a été mieux compris en Occident».

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publié le 21 février 2001 à 23h04

Bamako envoyée spéciale

A 56 ans, après trente-cinq années passées comme infirmier, Abasse Ndione vient de s'offrir une retraite anticipée qui va, enfin, lui permettre d'écrire à sa guise. Après le classique la Vie en Spirale, Ramata vient de sortir chez La Noire (Gallimard). Le rire qui parcourt toutes les pages, irrépressible, marque bien la différence de génération.

Comment rire en Afrique?

Autrefois on n'osait pas rire parce que c'est le toubab qui venait dénoncer nos problèmes. Nous, on dénonçait l'attitude du Blanc, ce qu'il faisait chez nous. On ne pouvait pas rire, même s'il disait la vérité, par réflexe d'autodéfense: on ne peut pas accepter les critiques qui viennent de l'extérieur, de ceux que nous prenions pour la source de tous nos maux. Mais maintenant que nous dénonçons nous-mêmes nos problèmes, nous pouvons en faire un traitement humoristique. Il faut en rire d'ailleurs, il ne faut pas toujours pleurer, cela ne mène à rien; il faut juste essayer de régler le problème.

A la sortie de votre nouveau roman, «Ramata», des critiques ont évoqué Flaubert. Avez-vous pensé à «l'Education sentimentale»?

Pas un seul instant! Mais les critiques françaises m'ont montré qu'en Occident, on avait compris le roman mieux qu'au Sénégal, ce qui me surprend, d'autant que certains dialogues sont traduits directement de ma langue maternelle (le lébou). Au Sénégal, on m'a dit que le livre n'apprend rien à quelqu'un qui lit la presse sénégalaise toute l'année, et je suis d'accord, car c'es