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Libération

Eminem pianissimo.

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Une cérémonie des Grammy Awards ultraconsensuelle.
publié le 23 février 2001 à 23h07

Los Angeles correspondance

Commençons par le «happy end». Mercredi soir, au bout de trois heures de longue cérémonie de remise des Grammy Awards aux meilleurs musiciens de l'année, le couple tant attendu, Sir Elton John l'homosexuel avec le «sulfureux» rappeur blanc Eminem, arrive sur scène dans un décor de pluie battante pour chanter en duo Stan ­ l'histoire d'un fan disjoncté d'Eminem qui, désespéré de ne pas recevoir de lettre de son idole, décide de plonger en voiture dans une rivière pour se noyer avec sa femme enceinte enfermée dans le coffre. On voit la voiture couler sur un écran géant.

Le duo doit marquer l'apogée de la polémique qui agite les médias américains depuis la nomination de l'album d'Eminem, The Marshall Mathers LP, au prestigieux Grammy du «meilleur album de l'année». Un curieux front de protestation s'est alors élevé. D'un côté, les associations d'homosexuels dénonçant «l'appel à la haine homophobique» dans les chansons d'Eminem; de l'autre, les mouvements religieux et conservateurs, soutenus par la nouvelle vice-présidente des Etats-Unis, Lynne Cheney. Interviewée par CNN, celle-ci se dit choquée qu'«un homme qui parle de tuer sa propre mère et les femmes en général puisse recevoir un prix». Et, plus encore, qu'Elton John, «qui a toujours, dans le passé, pris position en faveur de l'égalité pour les gays et contre la violence verbale contre les homosexuels», chante avec Eminem.

Même son de cloche à l'Alliance des gays et lesbiennes contre la diffamation (