Le temps de se faire commander une grille, Jean Prouvé était d'emblée bien accueilli, en 1926, par l'architecte Robert Mallet-Stevens (1886-1945). Le Nancéen et le Parisien se sont ensuite retrouvés à l'Union des artistes modernes en 1930. Puis ce «constructeur», comme Jean Prouvé se définissait souvent, fils du peintre Victor Prouvé et filleul de Gallé, a déboulonné l'art nouveau, pas mal de murs et de façades. De son célèbre «mur-rideau» métallique à son Guéridon de 1950, de la maison de l'abbé Pierre à la tour Nobel de La Défense, il a plié et soudé le métal, fait miroiter le verre et construit des «maisons comme des voitures».
Ferronnier-machiniste discret, décrié, il a même été renvoyé à ses compas d'industriel novateur en 1953, quand il dut quitter son usine de Maxéville. Ce qui ne l'a pas empêché de continuer à bâtir, bâtir... ni de défendre, en 1971, en tant que président du jury, le projet du Centre Pompidou. Il a été largement réestimé depuis, par les amateurs qui dénichaient ses meubles souvent mis au rebut, à travers plusieurs expositions, ainsi qu'à sa mort en 1984. Des architectes comme Jean Nouvel, Renzo Piano ou Andrée Putman lui ont rendu fermement hommage. Sa cote a suivi: un fauteuil de repos peut se vendre 300 000 francs. Vitra va rééditer sa chaise Standard de 1950.
Matière et lumière. Aujourd'hui, Prouvé (1901-1984), au passage obligé du centenaire de sa naissance, est à nouveau très «bien reçu» chez Mallet-Stevens. Plus exactement à la Villa Noailles, qu