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Libération

Flaubert, «comme dans une partition..».

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publié le 27 février 2001 à 23h12

Daniel Ferrer, directeur de recherche à l'Item-CNRS, passe un brouillon de Flaubert à la loupe. Les quelques lignes étudiées correspondent au dernier paragraphe de Un coeur simple, premier des Trois contes.

Analyser un si bref fragment, c'est commode pour donner un aperçu aux profanes, mais est-ce bien raisonnable?

Evidemment non. On ne devrait procéder que par corrélation. Ici, il faudrait examiner au moins la dizaine d'autres feuillets où Flaubert développe le même passage. C'est d'ailleurs ce que Raymonde Debray Genette a fait dans un article de référence (1), et c'est aussi le propos de la présen tation hypertextuelle que Jacques Neefs et moi avons élaborée pour «Brouillons d'écrivains».

Néanmoins, ce passage se prête assez bien à la démonstration...

Ce n'est pas le plus beau ni le plus raturé, mais il est frappant parce qu'on voit que c'est un objet composite. Les flaubertiens classent le folio dont il est extrait troisième dans la lignée génétique, parmi les scénarios. Flaubert se racontait l'histoire à lui-même, au présent, avant de la rédiger: «L'encens monte jusqu'à Félicité par la fenêtre ouverte. Elle confond le St-Esprit & le Perroquet...» C'est l'équivalent, sous une forme condensée, des dernières phrases du conte. Un trait est ensuite tiré et le passé simple surgit: «et quand elle exhala son dernier souffle...» On est alors très proche de la phrase qu'on connaît, même s'il y a de nombreux feuillets entre les deux. On est passé d'un fragment de scénario à des ébauch