On se demande s'il ne serait pas temps d'opérer sur l'importation de films étrangers une politique aussi précautionneuse pour la santé publique que celle qui prévaut désormais dans l'agroalimentaire. Car, après tout, si rien ne nous oblige à bouffer toutes les saloperies meurtrières sans le savoir, pourquoi devrait-on accepter d'avaler sans broncher un prêche catho-new age honteux maquillé en film sympa du samedi soir ? La nullité chrétienne à goût de Jésus et d'hostie avariée s'appelle Un monde meilleur, Pay it forward en VO, c'est-à-dire en fait «Passe le relais». On y voit un professeur vierge, brûlé au douzième degré (Kevin Spacey en voie de dustin-hoffmanisation), demander à ses élèves de penser à une bonne action et de la réaliser sur-le-champ. Parmi les gamins, Trevor (Haley Joel Osment, le kid médium du Sixième Sens), qui vit seul avec sa mère alcoolique (Helen Hunt, très frisée), se jette illico sur un clodo héroïnomane pour l'inviter à la maison. Puis il décide de lancer un mouvement, faire le bien de trois personnes qui feront chacune le bien de trois autres, diffusant le message en acte par une sorte de prosélytisme de la bonté.
Un monde meilleur est un film sur le don. Au prégénérique, alors que l'on compulsait fiévreusement tout Marcel Mauss en usuel, un type a déjà eu le temps de faire le sacrifice de sa jaguar à un loser de passage. On s'en doute, la vie est trop cruelle et l'homme trop méchant pour que le «gentilnenfantblond» préposé à la vertu ne parvienne a