Or donc, dix ans ont passé depuis que le docteur Hannibal Lecter s’est évadé de la clinique psychiatrique de haute sécurité où l’agent du FBI Clarice Starling l’avait interrogé. ça, c’est le dossier de presse qui le dit. Et ce n’est pas faux puisque pour nous aussi dix ans ont passé depuis Hannibal 1 (le Silence des agneaux de Jonathan Demme, 1991). Ce temps passé, entre autres, à voir d’autres films horrifiques de cette espèce, nettement plus forts, plus saignants ou subtils, nuit à Hannibal (le retour). Cet effet de boomerang est aussi un classique de l’amour: à trop attendre le retour de l’aimé, à imaginer qu’il n’a pas vieilli, à songer à sa vie entretemps, sans nous, à tromper son souvenir avec d’autres, et à espérer que, quoi qu’il en soit, ce sera de nouveau comme la première fois, fatalement on est déçu. D’autant que si l’acteur Anthony Hopkins réussit le prodige d’être physiquement à peu près à l’identique de son personnage, la réalisation confiée en lieu et place de Jonathan Demme à Ridley Scott, ne fait vraiment pas le même effet.
Coup de vieux. Autant Demme filmait un huis clos carcéral comme s'il s'agissait d'une superproduction à mille figurants, autant Scott peine et patine à filmer en extérieurs grandiloquents l'intimité d'un rapport censément SM entre Hannibal et son tourmenteur, l'agent Starling. Quant à Julianne Moore (Starling) qui s'attelle à la tâche inhumaine de faire oublier Jodie Foster, son excellence qui n'a pas attendu ce film pour être démontrée (