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Libération
Critique

Une dépressive précise.

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publié le 28 février 2001 à 23h12

Avec la Chambre des magiciennes, Claude Miller, généralement perçu comme un artisan de films à l'ancienne, emblème d'une qualité française sur le déclin, semble vouloir raccrocher le train du jeune cinéma. Pas seulement parce que le film est en DV (il appartient à la collection «Petite Caméra» d'Arte, comme les Yeux fermés d'Olivier Py, précédemment sorti en salles). Mais aussi parce que son sujet, l'histoire d'une fille tétanisée par des migraines purement somatiques et qui guérit en s'ouvrant à la souffrance d'une patiente plus folle qu'elle, s'inscrit dans le sillage des Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa ou de la Faute à Voltaire d'Abdellatif Kechiche. Autant de films qui sanctifient la figure du dément, où sa fréquentation devient le passage obligé d'une possible catharsis. Le patient qui entre à l'hôpital (Valeria Bruni-Tedeschi, Sami Bouajila ou, ici, Anne Brochet) ne peut en sortir que s'il devient lui-même un peu infirmier, prenant sur lui d'apaiser la souffrance des autres patients.

Le problème majeur de la Chambre des magiciennes est de ne pas suffisamment s'affranchir de ce squelette fictionnel un peu schématique (et un rien simpliste). La démonstration y est vraiment grossière. Claire (Anne Brochet) va très mal, tout témoigne de son furieux égocentrisme («Je m'intéresse à moi, moi, moi»). Pour mieux le souligner, elle partage sa chambre avec une fille supergénéreuse qui s'occupe d'étrangers en situation irrégulière (Mathilde Seign