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Libération

«2001» en long, en large et remastérisé.

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Le film de Kubrick ressort demain à Paris sur écran géant.
publié le 6 mars 2001 à 23h53

Depuis trente-trois années, l'ordinateur HAL 9000 nous a à l'oeil. N'en finissant pas de frôler Jupiter, il continue de nous regarder, mais de haut. Aux commandes à perpétuité de la station orbitale Discovery, cette cervelle robotique, la plus perfectionnée qui soit, se rit de nous autres humains, toujours aussi bêtes et désemparés face à l'infiniment grand. Sommes-nous de nos jours plus malins sur la question que ces singes paléolithiques? Depuis 1964, date à laquelle Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke ont imaginé ce qui est aujourd'hui notre présent, avons-nous, sur la question, un tant soit peu avancé? De capsules Gemini en module lunaire Apollo, nous levons les yeux au ciel, et les bras continuent de nous en tomber devant cette indéfectible angoisse: pourquoi du vide plutôt que rien?

HAL 9000 peut d'autant plus se tordre qu'il sait un film, 2001, l'odyssée de l'espace ­ dont il est à la fois l'intelligence artificielle et le prisonnier galactique ­, posséder TOUTES les réponses. Un film en rond, en forme de globes oculaires ou de cercles infinis. Mais voilà, depuis sa sortie en 1968, ce film n'a pas encore trouvé le spectateur programmé pour en décrypter le message. 2001 a tout de la pierre philosophale. Alors, pour se venger de cet opus obtus, les humains ont tenté de rivaliser avec le cinéma. Dans les sixties, la Nasa dépensait chaque jour pour ses recherches l'équivalent du budget total du film. Folle vanité de ces singes savants, puisque le résultat s'apparente à des