Quand l'historien d'art hollandais Henk van Os s'est rendu aux hospices médiévaux de Sienne pour s'enquérir du sort des reliques qui y étaient déposées depuis toujours, le prêtre a fait des yeux ronds: «Ce n'est pas possible que ces vieilleries vous intéressent!» Néanmoins, il a accompagné son lunatique visiteur jusqu'à un petit placard, où se trouvaient, derrière des balais et des pelles, un reliquaire du XIIIe siècle. Il n'y a sans doute pas d'objet qui ait suscité dans l'histoire de l'humanité tant d'adoration et tant de mépris (lire ci-contre). Le même médiéviste nous donne un aperçu de cette ferveur dans une exposition, accompagnée d'un catalogue roman-feuilleton, imprégné d'érudition piquante.
Or, cristal, pierres... Parmi la centaine de reliquaires présentés à Amsterdam et à Utrecht, certains sont des modèles époustouflants d'orfèvrerie. Rien de plus trivial, en effet, qu'une rognure d'ongle ou une minuscule écharde. L'insignifiance de l'amulette requiert l'art pour lui donner du sens. L'exposition montre bien comment, de simples boîtes imitant les sarcophages romains, les reliquaires sont devenus des objets de plus en plus élaborés, faits d'or, d'argent, de filigrane, de pierres précieuses. Le coffret devient ostensoir, en se servant de cristal de roche ciselé pour aménager une fenêtre sur la relique. Parfois des objets merveilleux, oeuf d'autruche ou «corne de licorne», servent de réceptacle. Sur des crânes, des inscriptions latines et des motifs décoratifs sont déli