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Libération
Critique

Hard society.

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publié le 7 mars 2001 à 23h54

Avec Chez les heureux du monde, Terence Davies n'aura pas eu beaucoup de chance. A l'instar de son héroïne, peu à peu reléguée à l'arrière-plan par un subtil mécanisme de bannissement social, le cinéaste anglais (Distant Voices, Still Lives, la Bible de néon...) a été écarté l'an dernier des différentes sélections cannoises, condamné à errer dans les salles du marché. Il est vrai qu'en compétition officielle, il y avait déjà pléthore de films à costumes et entre cette adaptation d'Edith Wharton et celle de la Coupe d'or de Henry James par James Ivory, le choix était probablement vite vu. Pourtant l'exercice comparatif entre les deux films ne fait que renforcer l'impression d'échec intégral du Ivory, même si les points communs ne manquent pas : même portrait de femme aux prises avec les moeurs de son temps, même faux académisme raide, même léthargie asphyxiante... La dimension antiquaire et costumée chez Davies est prise, non dans un glamour du temps jadis, mais comme autant de signes extérieurs de richesse auxquels l'héroïne Lily Bart s'accroche désespérément, avant de sombrer avec eux dans un naufrage à fond de ruisseau.

Trop tôt ou trop tard. Le film se gagne sur la longueur. Dans la première partie, toute en gros plans et champs/ contre-champs bavards sur quelques riches oisifs du New York du début du siècle, on se dit qu'on est mal barré. Qui sont ces gens et en quoi cela est-il censé nous intéresser? Quelle actualité aux tracas de Lily Bart, cette belle femme de 29 ans,