Des siècles durant, les fragments corporels des saints ont déplacé les foules. Ils furent à l'origine des pèlerinages. La chasse aux reliques attisa les croisades, dont la pionnière fut, au IVe siècle, Hélène, mère de Constantin le Grand, qui ramena de Terre sainte un clou de la Croix, dont elle fit un élégant ajout à sa couronne impériale. Les images du Moyen Age nous montrent des assemblées en transe devant des bouts d'os. Quand l'évêque Hugues de Lincoln, grand prince de l'Eglise d'Angleterre du XIIe siècle, s'est rendu à Fécamp pour rencontrer Marie Madeleine à travers un os de son bras, il l'a embrassé et soudain croqué, arrachant deux morceaux qu'il a gardés sur lui le reste de sa vie.
«Abracadabra». Intermédiaire avec le monde de l'invisible, la relique apprivoise les forces démoniaques de l'ombre. Au Moyen Age, la mort est toujours proche, et le diable jamais loin. Sur une petite croix du VIe siècle, on trouve bien l'expression: «abracadabra». Le talisman est d'autant plus efficace que la relique se réfère à un personnage important de la cosmogonie chrétienne. Marie Madeleine en était, par sa proximité avec le Christ mais aussi parce qu'elle avait été chargée du symbole de la Rédemption, devenue l'obsession des chrétiens. Et puis on ne sait jamais: le jour du Jugement dernier, vous pouvez fort bien la rencontrer en vrai et lui demander d'intercéder en votre faveur.
Des reliques rapportées à la Vierge Marie, ou même au Christ, bénéficient évidemment d'une puissance sans