Menu
Libération
Critique

Soeur a prendre.

Article réservé aux abonnés
Le regard cinglant de Catherine Breillat sur la virginité.
publié le 7 mars 2001 à 23h54

On peut considérer qu'aux côtés des grands cinéastes de l'hétérosexualité masculine (référence suprême: Fellini), aux côtés des grands maîtres du couple hétérosexuel sur grand écran (à peu près toute la Nouvelle Vague, avec Godard et Truffaut en première ligne), Catherine Breillat invente pied à pied, film à film, depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, un très grand cinéma de l'hétérosexualité féminine.

Comme on l'aura finalement compris après avoir pris un à un dans la poire chacun de ses brûlots, Catherine Breillat n'a en effet, malgré les apparences, jamais réalisé qu'un seul et même film. Très différent à chaque fois, certes. Toujours centré sur des cas très particuliers et qui d'ailleurs sont souvent tirés de faits divers par définition uniques, c'est également vrai. Des films qui suivent aussi la courbe d'une évolution artistique et esthétique assez spectaculaire, c'est incontestable. Mais depuis Une vraie jeune fille, le pendule de la cinéaste, s'il oscille d'un portrait de femme à un autre, d'une histoire d'amour à une autre, d'un coup de pied dans l'estomac à un autre, n'a jamais varié quant au fond: les femmes, leur sexualité, leur rapport aux hommes.

Chemin de croix. De ce point de vue, on peut voir chacune des femmes sur «toile» filmées par Breillat comme une seule et même cathédrale de Rouen. Monet peignait cette dernière selon divers angles, sous diverses lumières et sous différents climats, obtenant in fine un panoptique sériel étourdissant, sans que cette co