L'ouverture de Félix et Lola est une vraie scène de cinéma «classique», simple et magnétique. Dans un club miteux, un homme s'installe seul à une table, l'air absent. Sur scène, un chanteur interprète une complainte plombée, accompagné par une formation un peu baloche. L'homme fixe longuement le crooner las, puis sort un flingue et l'abat.
Anémique. Le fait que le chanteur soit Bashung chantant Bashung (une fois encore sous-employé comme comédien) ne saurait laisser de marbre. Mieux, dans son argumentaire, Patrice Leconte affirme être parti de Dehors pour embrasser pleinement son projet, en gros une énième histoire d'amour-passion (après Monsieur Hire, la Fille sur le pont et la Veuve de Saint-Pierre), avec son lot de zones d'ombre et de complications. Mais c'est précisément là que le bât blesse, tant Félix et Lola manque de matière, film anémique qui jamais ne trouve le ton ni la distance justes.
Extrait de Fantaisie militaire (1998), Dehors instille une nostalgie délétère, plongée dans les eaux troubles d'un type au bord de la cassure tranquille : «Dehors/ la flore est à l'orage/ Dehors/ la peur de l'eau qui dort/ Je prépare mes hameçons/ mon bouchon et consorts/ ça mort ça fout l'effervescence... Au risque de me trouver/ devant toi.»
Or, à partir de ce matériau noble, Patrice Leconte, lui, s'enferre dans une explication de texte vite démonétisée. Passé la scène d'exposition, l'action se concentre sur la rencontre d'un brave type (Philippe Torreton, là où Gérard Lanvin fut pr