Menu
Libération
Critique

Arrêt sur les images de Straub et Huillet.

Article réservé aux abonnés
Photo. A Paris, des instantanés tirés des films du couple.
publié le 12 mars 2001 à 23h57

Pour exposer le cinéma des Straub ailleurs que dans un cinéma, Dominique Païni, avec Servane Zanotti et Pascal Kern, avait trouvé refuge l’hiver dernier à l’école des Beaux-Arts du Mans. Le lieu, encore bordé de ruralité, allait assez bien avec le cinéma de l’irréductible couple. Cette même exposition (en partie réaménagée) est désormais parisienne, rejoignant pour deux mois le Centre national de la photographie, abrité dans l’hôtel particulier Salomon de Rothschild. Ce qui n’est pas sans ironie: le nom de Rothschild est synonyme d’une noblesse d’Empire, tandis que celui de Straub revendique depuis 1965 un cinéma résistant, dont le prochain film (à sortir en septembre) ne s’appelle pas pour rien Ouvriers, paysans. S’il peut prêter à sourire, le choix «décalé» du site d’exposition peut aussi faire sens: tenter un déplacement d’une nature à l’autre des images n’est-il pas ici tout l’enjeu esthétique?

Arrachées. C’est donc dans de boisés salons que les Straub montrent photogrammes agrandis (60 x 80), documents de travail et, en fin de parcours, leur film de 1981 Trop tôt trop tard, tour de force écologique. De ces trois natures d’images, ce sont les photogrammes qui font question: arrachée au défilement du film, comment une de ces «images quelconques» qui fondent le mouvement cinématographique peut-elle se muer en oeuvre photographique?

On sait la réticence du milieu de l'art à accorder au cinéma une légitimité muséale: pour certains, il est encore trop tôt, pour d'autres,