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Libération
Interview

Jean-Marie Patte en son jardin extraordinaire.

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Trente ans après les débuts de sa troupe, le metteur en scène se vit en grand-père des acteurs.
publié le 12 mars 2001 à 23h57

Depuis la fin des années 60, Jean-Marie Patte est «au jardin». C'est le nom de sa compagnie dramatique, créée dans ces années-là, mais c'est d'abord un nom qui ressemble à son théâtre fait de récoltes domestiques, de lectures sous l'arbre et de cabanons où les fugitifs se sentent chez eux. Au théâtre, le jeune homme s'y était mis à l'âge de 16 ans (des scènes retorses du Marchand de Venise qui lui feront renoncer à enseigner les lettres); à 60 ans (en juin) il y est encore, mi-gardien de nuit du théâtre, mi-art d'être grand-père des acteurs, pauvre comme le fut Roger Blin, mort à 75 ans à la tête d'une «jeune compagnie». «Aujourd'hui, Blin ne pourrait plus vivre», dit Patte, qui côtoya le créateur de Beckett.

La dernière fois qu'il a monté une pièce dont il n'était pas l'auteur et dans laquelle il ne jouait pas (lui qui incarna si magnifiquement Louis XIV dans le film de Roberto Rossellini), c'était en 1972, Médée. Il remet ça presque trente ans après, avec Crave de Sarah Kane, au Théâtre de la Bastille, un lieu ami.

Vision aquatique. Quand Bernard Sobel («J'aime savoir qu'il travaille, qu'il vit») a monté cette pièce chez lui, au Théâtre de Gennevilliers, Patte y est allé. Au retour, il était dans la voiture du directeur du Théâtre de la Bastille, lequel s'est mis à rêver à voix haute, disant qu'il faudrait un jour monter la pièce en laissant «flotter le texte». «Cette vision aquatique à minuit m'a plu, j'ai dit: et si on le faisait?» Le directeur voulait attendre, Patte, non