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Libération
Critique

Les ailes du désir.

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Aux Abbesses, la danse d'«Idyllique» marie sexualité, nature et guerre.
publié le 13 mars 2001 à 0h01

Idyllique se dit d'un poème d'amour bucolique. Mais aussi d'un lieu où une société trouve son unité dans un rapport de confiance profond à la nature, dans une relation symbiotique, qui a été déclinée entre autres par les danses chorales ou isadorables (Isadora Duncan), par la peinture du XVIIIe siècle. L'idylle a conforté l'opposition entre le naturel et l'artificiel, la nature vraie et le virtuel faux par exemple. L'idylle a servi d'appui à des pas de deux classiques. Elle a fait partie aussi des utopies de la danse, que passait en revue Boris Charmatz dans Herses, une lente introduction. Christophe Haleb et la compagnie La Zouze, qui s'interrogent depuis longtemps sur la nature même du danseur, ne pouvaient qu'écrire leur poème à sujet pastoral.

Dans Sous les pieds des citoyens vivants, une pièce de 1999 qui fut charnière dans le parcours du chorégraphe (lire ci-dessous), Christophe Haleb, jusque-là trop confiant dans l'image, abandonnait le seul propos esthétique pour privilégier le propos chorégraphique. S'y promenaient des folles, au masculin comme au féminin, comme si dans cette figure emblématique se cachait la véritable identité (et sexualité) du danseur. Dans Idyllique, cette «nature» est de nouveau questionnée, par la bande, de copains bien sûr. Les voilà qui apparaissent dans des marches désoeuvrées. Rythme, souffle, sueur. Il n'en faut pas plus pour que, bientôt, par la seule sollicitation du désir de chair, ils s'entremêlent joyeusement, se dépensant sans compter