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Libération

L'ombre plane sur Shyne.

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Le jeune rappeur est, lui, reconnu coupable d'avoir tiré sur trois clients d'une boîte de nuit.
publié le 19 mars 2001 à 0h05

«Chère Amérique, je ne suis que ce tu as fait de moi, jeune, noir et foutrement cinglé. S'il te plaît, sauve-moi.» L'Amérique n'a pas entendu la supplique. Elle a reconnu coupable Jamal «Shyne» Barrow d'avoir tiré et blessé trois personnes dans un club de New York, le 27 décembre 1999. Pour ouvrir son premier (et probablement dernier) album, sorti en septembre (1), ce rappeur de 20 ans qui a passé son adolescence à Flatbush, le quartier antillais de Brooklyn, écrivait une lettre à son pays d'accueil, Dear America: «Je meurs à l'intérieur, ne le vois-tu pas dans mes yeux? Je suis désespéré.» C'est un peu l'impression qu'il laisse, en effet, dans la réalité. Grand, les oreilles décollées, le regard éteint, il s'énerve à la moindre occasion et donne l'impression de ne pas se sentir à sa place.

Enfant illégitime. Jamal Barrow est l'enfant illégitime d'un notable de Belize, petit pays d'Amérique centrale de 300 000 habitants, et d'une femme de ménage. «Mon père n'a jamais vraiment voulu entendre parler de moi, précise Shyne, d'autant plus qu'il participe aux élections pour devenir Premier ministre de Belize. Je n'ai plus d'attache dans ce pays.» Alors qu'il n'a que 3 ans, sa mère part tenter sa chance aux Etats-Unis, où sa grand-mère réside déjà. Elle confie son fils à un oncle, puis le fait venir pour ses 8 ans à New York. Hébergé chez sa grand-mère à Flatbush, Jamal est vite livré à lui-même. Il apprend les jeux des grands: le deal, les armes, les bagarres. Son cousin, incarcéré