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Libération
Critique

McGuinness, cri de détresses.

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publié le 19 mars 2001 à 0h05

On avait pu découvrir en France, il y a quelques années et en VO, le théâtre de l'Irlandais Frank McGuinness, grâce à la venue à l'Odéon de la troupe de l'Abbey Road de Dublin. La pièce présentée ­ les Fils de l'Ulster marchant vers la Somme (1) ­ reconstituait les dernières semaines d'existence de huit jeunes Irlandais de l'Ulster mobilisés dans les troupes britanniques durant la guerre de 1914. McGuinness y interrogeait l'histoire de son pays sur un mode épique et réaliste.

Diversité. Deux autres pièces, présentées simultanément en français à Lille et à Strasbourg, permettent de mieux appréhender la diversité de l'univers de McGuinness. Baglady se présente comme le monologue d'une SDF irlandaise; Quelqu'un pour veiller sur moi s'intéresse au sort de trois otages occidentaux au Liban. Point commun: l'attention à l'actualité du monde et l'intérêt pour des personnages sans espoir.

A Lille donc, Stuart Seide met en scène Baglady: une femme bardée de sacs plastique, sans âge ni corps, de celles qui soliloquent sur un quai de métro ou un trottoir; personnage familier du monde occidental, qu'on croise mais qu'on évite de regarder.

La force de la pièce de McGuinness est qu'elle ne repose ni sur le misérabilisme ni sur la culpabilisation. Son enjeu est la reconstitution d'une histoire au moyen du langage. Ce n'est pas simple: Baglady se présente comme un puzzle ou un sac au contenu apparemment hétéroclite, et le premier travail, pour les spectateurs, ressemble à un tri. On identifie a