Le franc succès de Reprise, superbe enquête autour d'une image d'archive (celle d'une jeune ouvrière ne voulant pas reprendre le travail après les grèves de 1968), a révélé Hervé Le Roux comme grand cinéaste documentaire et analyste rigoureux des mutations politiques et sociales de ces trente dernières années. Du coup, on avait presque oublié la légèreté de son premier long-métrage, Grand Bonheur (1993), chronique fantaisiste de la fin de la jeunesse et des joies de la vie en bande. Avec le troisième, On appelle ça le printemps, le cinéaste renoue avec ses premières amours et fait de ce retour aux sources son sujet.
Coup de tête. Une bande de joyeuses trentenaires décide soudainement d'en finir avec l'âge de raison et retrouve comme par enchantement l'ivresse des virées entre copines.
Soit donc trois jeunes femmes en couple. La première (Marie Matheron) quitte sa famille au petit matin pour retrouver sa maîtresse, qui, hélas, ne l'attendait pas. La seconde (Maryse Cupaiolo) se fait jeter par son mec à l'issue d'une énième scène de ménage homérique. La troisième (Maryline Canto) semble parfaitement gérer sa double vie (amant l'après-midi et mari le soir), mais se laisse entraîner par l'énergie fugueuse de ses camarades. En dépit des apparences, On appelle ça le printemps prolonge le sujet de Reprise. Il s'agit une fois encore de filmer un refus en forme de coup de tête. Comme la jeune ouvrière de 68 qui ne veut plus «rentrer dans cette taule», les chipies pour rire de ce nouvea