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Libération
Critique

L'adultère éphémère de «Mademoiselle» Bonnaire

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publié le 21 mars 2001 à 0h08

In the Mood for Love hier, Intimité de Patrice Chéreau demain, Mademoiselle de Philippe Lioret aujourd'hui: l'heu re est aux amours éphémères mais intenses, aux brèves rencontres et aux liaisons fulgurantes qui s'achèvent dans le renoncement récipro que d'amants toujours voués à la séparation. Il suffit du départ d'un collègue à la retraite et d'un train raté pour que Claire, visiteuse médicale et mère de famille (Sandrine Bonnaire), et Pierre, comédien spécialisé dans les spectacles d'impro (Jacques Gamblin), s'éprennent l'un de l'autre le temps d'un week-end.

Précision. Mais si Wong Kar-wai et Patrice Chéreau compensent la ténuité de cette situation dramatique par une débauche de recherches formelles, Philippe Lioret opte plutôt pour le réalisme psychologique et la description de la quotidienneté. La province, les séminaires d'entreprise, les hôtels Campanile, les comédiens itinérants, tout est restitué avec une grande précision, même si parfois la main est un peu lourde (notamment sur la satire de la grande bourgeoisie le temps d'un mariage chez des politiciens de droite).

Mademoiselle relève d'un genre, le film moyen, qui n'a plus tellement cours dans un cinéma français, où le fossé entre le divertissement de masse et le film d'art et d'essai se creuse toujours davantage. Plus d'une fois, on se dit même que cette histoire aurait pu donner lieu à une fiction télé diffusée en prime time, qu'elle y trouverait même probablement mieux sa place. Ce n'est pourtant pas tout à fait