Certaines biographies d'artistes font davantage sens que d'autres. En discutant avec João Pedro Rodrigues, jeune homme de 35 ans dont le premier long-métrage, O Fantasma, constitue la plus belle découverte venue du Portugal de ces dernières années, on découvre par exemple, au détour d'une phrase, que le cinéaste étudia d'abord les sciences naturelles. Lorsqu'on lui fait remarquer que cela n'a rien d'insignifiant, il s'étonne mais admet que son court-métrage comprenait un chat et que O Fantasma est travaillé de part en part par la question de l'humain comme espèce animale, de l'énigme du corps et de son mécanisme. João Pedro voulait d'abord devenir ornithologue ­ et son film métamorphose un jeune garçon en oiseau de proie directement sorti des Vampires de Feuillade. Mais il quitte la fac de biologie pour entrer à l'ESTC, l'école nationale de cinéma et théâtre. Le jeune homme déclare avoir surtout appris le cinéma par la cinéphilie, puis par la pratique (il fut l'assistant de Teresa Villaverde). Tout comme il prétend que c'est en lisant Proust qu'il a appris le français ­ qu'il parle couramment.

Qu'avez-vous appris en réalisant votre premier long-métrage?

A être froid. Pour faire un film, il faut résister sans cesse à tout l'affect incessant généré par un tournage. Même avec ses acteurs, il faut garder une distance. Ricardo Meneses, qui tient le rôle principal, avait 18 ans lors du tournage. C'est un enfant, il a besoin d'être aimé, il veut séduire tout le monde. Il fallait alle