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Libération

«Ne jamais se mentir, ni leur mentir»

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publié le 21 mars 2001 à 0h08

Casablanca envoyé spécial

La cimenterie Laffargue, abandonnée en bordure du centre-ville de Casablanca, à proximité du marché aux poulets et d'un bidonville, ressemble à s'y méprendre à une décharge publique. Les sacs d'immondices abondent et il faut traverser un large terre-plein avant d'identifier au centre de cette zone désertique, où chaque geste est à découvert, ce qu'il reste d'installations techniques.

Très vite, on se retrouve encerclé d'enfants, certains en haillons, d'autres aux vêtements plus proches de n'importe quel gosse de banlieue occidentale. Les âges sont difficiles à distinguer: on devine, dans la bande, que celui-ci a plus de 15 ans, mais pour les autres, impossible de savoir s'ils ont ou non dépassé la dizaine d'années. Depuis combien de temps vivent-ils là? Pour combien de temps? Dorment-ils dans les ruines de ce chantier interdit au public, entourés de chiens galeux, sous la protection abusive des plus grands? Ou viennent-ils ici s'affranchir, dans la vie sauvage, avant de retrouver leur foyer éclaté?

Violence incoercible. Trois années durant, Nabil Ayouch a préparé ici, avec eux et grâce à l'appui logistique des éducateurs de l'association Bayti (emmenée depuis six ans par le docteur M'Jid), le tournage d'Ali Zaoua. Aujourd'hui encore, il lui faut un entier courage pour renouer avec ce lieu impossible, en déjouer la part de spectacle et l'incoercible violence. «Les premières fois, je suis venu avec une caméra vidéo. Les gosses se sont immédiatement mis e