Dans la cohorte néo-folk/low-fi, entre les Canadiens autistes Godspeed You Black Emperor!, For Carnation et la figure archibarbue du jeune pépère Will Oldham (devenu Bonnie Prince Billy), il faut désormais compter sur un nouvel inconnu au bataillon: Bevel, Biseau en français, c'est-à-dire «le bord taillé obliquement», ce qui lui va bien.
Quelques lignes dans le magazine suisse Vibrations («L'album le plus poignant de l'année») et le coup de fil d'amis lyonnais totalement exaltés après écoute, auront amplement suffi à justifier l'achat du produit, intitulé Turn The Furnace On («Allume le poêle»), en import exorbitant. Edité sur un obscur label basé à Bloomington (Indiana), Jagjaguwar, le disque précieux enveloppé de bleu, se décline en douze chansons de Presence à Convalescence, tout un programme que de chiches notes de pochettes affirment avoir été «spontaneously recorded» à la maison entre juin et décembre 1998. Dans les baffles, le garçon accablé qui geint et couine en s'accompagnant à la guitare, au banjo, à l'harmonica, n'a pas l'air dans son état normal. Parfois, dans ce boeuf morose et désaccordé, c'est un peu comme si le voisin bûcheron à face de poivrot, poursuivait sa journée en massacrant un violon, tandis que mère-grand, alitée depuis des mois et narguant la camarde, expectore ce qui lui reste de poumon sur le vieux piano droit. Une scène à l'écoute, oreilles écorchées, se dessine ainsi entre une nouvelle de Flanery O'Connor et le dernier Pynchon des tavernes h