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Libération
Critique

Requiem pour un rêve américain

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par Patrick Duval
publié le 24 mars 2001 à 0h10

«Zip, chebam, paw, wiiizzz...»: le «flash», filmé par Darren Aronofsky pour Requiem for a Dream («Requiem pour un rêve»), évoque irrésistiblement un refrain à la Gainsbourg, c'est un tempo avant d'être un collage: poudre, paille, tache blanche, oeil dilaté et, finalement, relâchement des corps. La première séquence de défonce est un morceau d'anthologie: filmé depuis le plafond, le corps de Tyrone le Black gondole comme un chewing-gum pendant que Harry s'écroule de rire sur le canapé: «Putain, qu'est-ce qu'elle est pure, cette dope!»

Mais, pour la rigolade, ça s'arrête là ou à peu près. Parce que, tout de suite, on passe au vrai sujet du film (et du livre de Hubert Selby Jr.): la dépendance obsessionnelle. Dépendance par rapport à l'héroïne, bien sûr, mais aussi au sexe, à la bouffe ou à la télé, chacune de ces addictions étant traitée sur le même mode accéléré.

L'histoire, si tant est qu'il y en ait une, est celle de Sara Goldfarb, gentille mama juive de Brooklyn qui partage sa retraite entre bains de soleil sur le pas de sa porte et soaps ou jeux télé. Elle doit aussi penser à se protéger de son junkie de fils (le remarquable Jared Leto), qui vient régulièrement lui piquer sa télé pour la mettre au clou et s'acheter quelques grammes. Résignée, Sara va chaque fois racheter son poste chez le brocanteur avec sa pension. Un jour, et le film tout entier tient là-dessus, elle reçoit un coup de fil lui annonçant qu'elle va passer à la télé. La naïve Sara ne vivra plus désormais que