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Libération
Critique

Le tourbillon de la pluie.

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publié le 29 mars 2001 à 0h14

Lorsqu'une danse démarre par une course, un tourbillon, il y a peu de solutions pour qu'elle se poursuive sans trahir cette énergie basique. Soit il y a rupture et on passe à autre chose, soit la course continue dans le même élan. Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe belge dont la compagnie Rosas fêtera ses vingt ans la saison prochaine, opte pour la déferlante collective et ses multiples variations, tout en isolant une phrase chorégraphique ­ celle qui servit de matrice à sa précédente création, In Real Time ­ qui circulera de corps en corps tout au long du spectacle. Lequel est intitulé Rain, en référence à In Real Time, qui s'achevait par ces mots: «J'espère qu'il ne va pas pleuvoir demain.» Espoir déçu, car il n'a jamais autant plu, dehors, comme sur la scène, où un rideau de chanvre tombe des cintres pour délimiter circulairement la piste de danse.

Pulsation, respiration. C'est là que Rain emporte les dix interprètes magiques, humains, membres d'une compagnie comme on peut en rêver en ces temps de course au projet. Music for 18 Musicians, partition composée par Steve Reich en 1976, fait corps avec la danse, à plein poumon, jusqu'à l'asphyxie. L'oeuvre repose rythmiquement sur, d'une part, une pulsation régulière des pianos et des instruments à mailloche, d'autre part, la respiration des interprètes chez les bois et les voix.

«Les interprètes, notait le compositeur, emplissent leurs poumons et chantent ou jouent des notes particulières aussi longtemps qu'ils peuvent ten