Le festival Chorus des Hauts-de-Seine consacre une large part de sa programmation aux musiques de l'espace lusophone. Avec Misia qui chante dimanche à Vanves, Camané (diminutif de ses prénoms, Carlos Manuel) y représente l'inévitable fado. Petit gabarit, yeux verts intenses, il a 34 ans. C'est jeune pour un fadiste. Mais Camané a commencé tôt. A 10 ans, ses parents l'emmènent dans une casa de fado, ces restaurants de Lisbonne où, après le dîner, résonnent les accords de cristal des guitares portugaises et la tension dramatique des voix. «C'était chez Cesaria, dans le quartier d'Alcantara, se souvient le chanteur. L'endroit n'existe plus. Comme je chantais à la maison, on m'a poussé à le faire en public. J'ai interprété un texte du poète Jorge Rosa sur la musique du fado Isabel.» Telle est la tradition: sur un motif préexistant, les fadistas adaptent de nouveaux textes.
A 12 ans, Camané triomphe dans le principal concours du Portugal. Mais il est loin d'avoir terminé son apprentissage. «A 18 ans, quand j'ai décidé de me consacrer professionnellement à la musique, j'ai commencé par les casas de fados. Le public y est très puriste. Il m'est arrivé de chanter trois fados de suite sans recueillir un seul applaudissement.» Mais, pour le chanteur, «il n'y a pas de meilleure école».
Alors que Misia et Cristina Branco (qui vient de signer avec la multinationale Universal) sont des habituées des scènes françaises, Camané y apparaît rarement et aucun de ses trois albums n'a été publié pa