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Libération
Critique

De Louis Trio au solo.

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publié le 10 avril 2001 à 0h27

Il pose en nouvel homme sur la photo de son album, débarrassé des costumes droits que portait son père et revenu à son nom d'état civil. Longtemps, Hubert Mounier a vécu sous une identité d'emprunt, un sobriquet qui servait de signature au dessinateur de bande dessinée et au chanteur sautillant de l'Affaire Louis Trio («Quand tu es timide, il vaut mieux faire beaucoup de gestes pour se cacher»). Cleet Boris a existé une dizaine d'années au gré de succès pétillants et de clips école belge. Au début, c'était rigolo, «vivre comme des adolescents une vie d'adulte». On découvre au milieu des années 80 un hurluberlu au cheveu coiffé en banane, qui chante une ode zazou sur fond de bulles pop, Chic Planète. La suite fut moins drôle, à mesure que le personnage évoluait de la comédie vers le registre dramatique.

Trois ans d'introspection. Au fil de six albums, dont l'ultime se terminera en 1997 à deux (on croisait le frère d'Hubert Mounier comme guitariste sur la dernière tournée d'Etienne Daho), le groupe lyonnais abandonne progressivement les synthés pour prendre le virage d'une maturité acquise. Les héros de l'Affaire Louis Trio s'avèrent moins souriants, sûrement parce qu'ils s'écrivent dans un flux de perdition précipitée, «deux heures de lucidité par jour» lors de ce qui sera leur plus grosse vente d'album, Mobilis in mobile. «Si quelqu'un m'a fait souffrir dans ce boulot, c'est moi d'abord. Mon goût immodéré pour l'autodestruction a commencé très tôt. Cela me semblait indispensa