La France et l'Italie détiennent le triste privilège d'être les deux principaux pays au monde victimes de vols d'oeuvres d'art. «Aucune région en France, aucun type d'édifice religieux n'est épargné», note Judith Kagan, conservateur du patrimoine. Sur les 87 cathédrales appartenant à l'Etat, 20 ont été victimes de vols déclarés. Sur la base de données des oeuvres suffisamment remarquables pour avoir été classées «monuments historiques», 2 000 objets sacrés disparus depuis 1907 sont recensés. Moins de 200 ont pu être retrouvés, parfois vingt ans plus tard.
Là encore, le trafic international est intense. La traque des policiers de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) les conduit parfois bien loin du territoire: la châsse de Sainte-Austremoine d'Issoire (Puy-de-Dôme) a été ramenée de Honolulu en 1996. Des tapisseries d'Aubusson provenant de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) ont été retrouvées dans une vente aux enchères en 1995 à New York. La Vierge de Saint-Gervasy, une des plus belles sculptures romanes d'Auvergne, vient d'être retrouvée en Espagne, où elle était proposée aux enchères. Un élément du retable volé à Baume-les-Messieurs (Jura) a été localisé au Musée royal d'art et d'histoire de Bruxelles, qui depuis sept ans se refuse à le restituer en s'abritant derrière des arguments similaires à ceux du musée de Cleveland (lire ci-dessus). De l'avis de Judith Kagan, «ce qui manque, c'est une Europe judiciaire».
Depuis cinq ans, un fonctionnaire de